13/09 - GB - AVEC JEREMY CORBYN, LA GAUCHE «ANTIAUSTÉRITÉ»
ACCÈDE AUX COMMANDES
DE L’OPPOSITION BRITANNIQUE.
Mais, notons qu'il fait appel à héberger des réfugiés, donc qu'il a encore quelquechose à comprndre.
Ceux qui prédisaient qu’en raison de sespositions extrémistes, Jeremy Corbyn ne tiendrait pas six mois à la tête du Labour Party, s’il y était élu, en sont pour leurs frais. En rassemblant 59,5 % des voix à l’issue de la primaire du Parti travailliste, le candidat de la gauche radicale s’est assuré une emprise totale sur un parti dont la grande majorité des élus lui est hostile. Bien qu’annoncé par les sondages, le résultat proclamé samedi 12 septembre près du Parlement de Westminster, à Londres, surprend tous les observateurs par son ampleur. Jeremy Corbyn devient le chef du Labour le plus à gauche que le parti ait connu depuis les années 1930.
Les hauts responsables travaillistes qui ont imprudemment déclaré qu’ils refuseraient de collaborer avec un homme qui veut renationaliser les chemins de fer, augmenter les impôtset prône le désarmement nucléaire unilatéral vont probablement devoirrepenser leur position. Historiquement, la victoire de Jeremy Corbyn tourne résolument la page de l’époque Blair, ouverte par le recentrage du parti, en 1994. Le triomphe sans appel du député d’Islington (quartiers populaires du nord du Grand Londres), élu sans discontinuité depuis 1983, annonce le retour en force des syndicats qui, longtemps marginalisés, l’ont adoubé et ont financé sa campagne. Pour ses opposants, il s’agit d’un retour aux années 1980, lorsque la rhétorique radicale du parti et l’emprise des syndicats l’avaient durablement éloigné du pouvoir au profit de Margaret Thatcher.
Une «quête pour une société meilleure et juste pour tous»
Visiblement ému mais très combatif, le nouveau chef du Labour, âgé de 66 ans, a appelé tous les responsables, militants et sympathisants à «travailler ensemble».La campagne pour la primaire «a montré que notre parti, notre mouvement, passionné, démocrate, divers, était uni et résolument déterminé dans notre quête pour une société meilleure et juste pour tous», a déclaré M. Corbyn, qui portait une simple veste sombre sur une chemise bleu ciel sans cravate. Sa première action en tant que leader du parti ? Participer samedi après-midi à une manifestation dénonçant la frilosité du gouvernement Cameron en matière d’accueil de réfugiés.
Fait rare, M. Corbyn, qui avait commencé la campagne comme un totaloutsider, a été élu dès le premier tour de scrutin et a obtenu la majorité dans les trois collèges d’électeurs : les membres du parti ; les adhérents des syndicats ; et les sympathisants qui pouvaient voter après avoir payé la somme symbolique de 3 livres sterling (4,10 euros). L’introduction de cette dernière catégorie d’électeurs a probablement assuré son succès, en déclenchant une vague d’adhésion de jeunes gens révoltés par les inégalités croissantes et par la politique sociale de David Cameron et séduits par le discours «antiaustérité» de Jeremy Corbyn.
Cette réforme a spectaculairement changé la structure du parti, affaiblissant le pouvoir, jusqu’à présent dominant, des députés du parti. «Nous allons de l’avant à présent avec un mouvement et un parti plus grands qu’auparavant», s’est réjoui le nouveau leader, qui a promis de reconstruirele Labour à partir de la base et des mouvements sociaux.
Les conservateurs «ont utilisé la crise de 2008 pour imposer un terrible fardeau aux plus pauvres de la société, contre les syndicats et les lois sociales», a déclaré Jeremy Corbyn à peine élu. «Les choses peuvent changer, et elles vont changer», a-t-il lancé en se félicitant que le parti soit «plus fort et plus déterminé que jamais». Jeremy Corbyn a promis d’engager la bataille dès lundi, lors du débat parlementaire sur le projetde loi conservateur destiné à encadrer le droit de grève et à limiter le pouvoir des syndicats. Il a promis aussi de se battre contre la diminution des prestations sociales et familiales annoncée par le gouvernement dans le cadre de son programme de réduction du déficit budgétaire. Dès mercredi prochain, son duel avec David Cameron est attendu lors des traditionnelles questions du chef de l’opposition au premier ministre à la Chambre des communes.
Des conservateurs satisfaits
Le triomphe de M. Corbyn suit de quelques heures l’annonce de la victoire du candidat le plus à gauche à la primaire du Labour pour l’élection du maire de Londres, prévue le 5 mai 2016. Sadiq Khan, un ancien avocat de 44 ans, fils d’un chauffeur de bus immigré du Pakistana été désigné, vendredi 11 septembre, pour représenterles travaillistes lors de ce scrutin, auquel l’actuel maire, Boris Johnson, ne se présentera pas.
Si l’élection de M. Corbyn a été accueillie par des sourires parfois figés au sein de son propre parti, elle peut satisfaire largement les conservateurs qui estiment que ses positions radicales lui aliènent une large partie de l’électorat et le rendent «inéligible». Le Labour de Jeremy Corbyn «promet seulement plus de dépenses, plus d’emprunts et plus de taxes», a affirmé vendredi David Cameron. Pour le premier ministre, les travaillistes «représentent une menace pour la sécurité financière de toutes les familles au Royaume-Uni«. Quant à Nigel Farage, le chef du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP ; antieuropéen et xénophobe), il n’a mis que quelques minutes pour tenter de récupérer des voix travaillistes. Avec «un leader du Labour qui ne croit en aucune forme de contrôle de l’immigration, a-t-il déclaré, il est clair que ceux qui veulent de solides contrôles aux frontières doivent voter pour le UKIP».