08/11 - LIVRE DE L'ANCIEN CHEF D'ÉTAT-MAJOR DES ARMÉES.
IL Y RACONTE LES DESSOUS DE SA DÉMISSION,
INÉDITE DANS L'HISTOIRE DE LA GRANDE MUETTE.
Désapprouvé publiquement par Emmanuel Macron à cause de ses critiques sur le budget des armées, Pierre de Villiers avait démissionné de son poste de numéro 1 de l'armée.
"Quel gâchis d'en être arrivé là." Plus de trois mois après sa démission, l'ancien chef d'état-major des Armées Pierre de Villiers revient dans un livre intitulé "Servir"* (Fayard) sur sa décision, sans précédent sous la Ve République.
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Je veux parler de nos forces, de nos fragilités, de notre courage, de notre honneur. Je veux servir.
Pierre de Villiers a été chef d’État-major des armées de 2014 à 2017, concluant quarante-trois ans d’une grande carrière militaire, au service du succès des armes de la France
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Sa démission avait pour origine des économies de 850 millions d'euros réclamées cette année aux armées, dans un contexte de restrictions budgétaires générales, que le gradé n'a pas accepté. Macron a été nommé pour achever la France.
"La vraie loyauté consiste à dire la vérité à son chef", écrit le général de Villiers. "La vraie liberté est d'être capable de le faire, quels que soient les risques et les conséquences [...] La vraie obéissance se moque de l'obéissance aveugle. C'est l'obéissance d'amitié", écrit-il dans son livre de 250 pages.
"Nous aurions pu faire autrement"
Il raconte la journée du 19 juillet et les moments qui ont précédé l'annonce de sa démission à Emmanuel Macron. "Pour ce rendez-vous au palais de l'Élysée, je n'ai pas pris de dossiers. Rien qu'une feuille de papier. Aucun chef d'état-major des armées n'a jamais démissionné sous la Ve République. Et pourtant, je vais présenter ma démission." L'entretien avec le chef de l'État "dure cinquante minutes et sa tonalité est apaisée".
Que se disent les deux hommes? Mystère. "Vous me permettez de garder pour moi" cet échange, écrit le général, qui ajoute: Quel gâchis d'en être arrivés là, alors que nous aurions pu faire autrement!"
Il devrait parler. Son frère le dit "Le moment est venu de dire ce que j'ai vu"
Assurant qu'avant la crise qui l'a conduit à quitter son poste, ses relations avec le président ont d'abord "été empreintes de franchise, de confiance et de cordialité", il estime toutefois qu'après avoir été "critiqué publiquement et explicitement" par le chef de l'État lors d'un discours le 13 juillet, "le lien de confiance entre le chef des Armées et son chef d'état-major était trop dégradé pour que je puisse continuer à mon poste".
"La loyauté n'est pas l'esprit de cour"
Connu pour son franc-parler, Pierre de Villiers avait déclaré, lors d'une audition à huis clos à l'Assemblée nationale sur ces questions budgétaires qu'il "n'allait pas se laisser baiser" et que le situation "n'était pas tenable". Détaillant dans son livre les restructurations imposées aux armées au cours des dernières années, le général écrit: "On a déjà donné. On a déjà tout donné".
"Le ministère de la Défense a été le plus important contributeur de la révision générale des politiques publiques (RGPP) instaurée en 2007 [...] En poste à Matignon entre 2008 et 2010, j'ai pu le vérifier, chiffres à l'appui [...] Lorsque les engagements opérationnels sont en hausse et le budget en baisse, j'appelle cela un grand écart", estime-t-il.
Se plaçant dans la position du serviteur de l'État et de l'armée française qui choisit de dire ce qu'il a sur le cœur, au risque de devoir sacrifier sa carrière, il affirme que "la loyauté n'est pas l'esprit de cour ni l'assentiment permanent à ce qui peut être utile pour se faire bien voir. Le silence est parfois proche de la lâcheté".
Le général de Villiers a été remplacé par le général François Lecointre au poste de chef d'état-major des armées.
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Hausse des suicides dans la police : symptôme d'une profession désemparée ?
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