14/04 - VLADIMIR POUTINE: «ON S’APPRÊTE À BALANCER D’AUTRES SUBSTANCES
CHIMIQUES ET À EN ACCUSER LES AUTORITÉS SYRIENNES».
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Le président italien, Sergio Mattarella et Vladimir Poutine |
Pour le président russe, l’attaque chimique mortelle (86 morts) qui a eu lieu à Khan Cheikhoun en Syrie, -ville contrôlée par les rebelles soutenus par la Coalition-, aurait été une provocation en sous-main des Américains par rebelles interposés. Une provocation qui selon lui, serait en préparation pour se reproduire.
Déclaration de Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse à Moscou le 11 avril 2017:
Question: Monsieur Poutine, si vous me le permettez, j’ai une question sur la Syrie. Quelle est votre opinion sur ce qui se passe en Syrie? Y a-t-il un risque d’une autre grève militaire américaine contre les cibles syriennes?
Vladimir Poutine: Nous en avons discuté avec le Président [italien ndlt]. J’ai dit que cela me rappelle beaucoup les événements de 2003, lorsque les représentants américains au Conseil de sécurité [de l’ONU ndlt] ont prétendu que des armes chimiques avaient été découvertes en Irak. Ce prétexte a entraîné une campagne militaire en Irak qui s’est terminée par la destruction du pays, une menace terroriste accrue et l’émergence de l’État islamique sur la scène internationale – pas plus, pas moins.
La même chose se passe maintenant. Pourquoi cela arrive-t-il?
Tout le monde, dans la communauté occidentale, veut rétablir les relations avec les USA après que de nombreux pays européens aient adopté une position anti-Trump pendant la campagne électorale. La Syrie et la Russie , en tant que partenaires, constituent une merveilleuse plateforme de consolidation pour cela. Nous sommes prêts à le supporter pendant un certain temps dans l’espoir que cela nous conduira éventuellement à une orientation positive fondée sur l’interaction.
Maintenant, si de nouvelles attaques sont possibles ou non. Nous avons des informations provenant de diverses sources que de telles provocations (je ne peux pas trouver un autre mot pour cela) sont préparées dans d’autres parties de la Syrie , y compris dans la banlieue sud de Damas, où on envisage de balancer certaines substances et de faire porter le chapeau des attaques aux autorités syriennes.
C’est pourquoi, nous croyons que des choses comme celles-ci doivent faire l’objet d’une enquête approfondie. Nous prévoyons officiellement de nous adresser à l’institution appropriée de l’ONU, à La Haye et appelons la communauté internationale à mener une enquête approfondie sur ces questions. Une décision pondérée pourra ensuite être prise en fonction des résultats de l’enquête.
Quelques minutes après cette conférence de presse, avec le président italien, Sergio Mattarella que V. Poutine venait de recevoir, le ministère russe de la Défense a accusé les rebelles syriens d’introduire des «substances toxiques» dans les régions de Khan Cheikhoun et de la Ghouta orientale, près de Damas, afin de mettre en cause le gouvernement syrien et provoquer une nouvelle réaction des États-Unis.
«Le régime de Bachar al-Assad n’a aucun intérêt à utiliser des armes chimiques. D’autant que l’armée syrienne n’en possède plus», « son arsenal chimique ayant été détruit entre 2013 et 2016 sous le contrôle de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) », a-t-il précisé. «Les experts de l’OIAC ont confirmé la destruction de 10 des 12 sites utilisés pour le stockage et la fabrication d’armes chimiques. Les deux sites restants se situent dans les territoires contrôlés par la prétendue opposition», a-t-il ajouté.
Poutine s’est dit prêt à saisir l’OIAC pour réaliser une enquête sur les événements de Khan Cheikhoun, qui ont fait 87 morts et 160 blessés. Cette attaque chimique à peine effectuée, a immédiatement été imputée par les États-Unis au pouvoir de Damas, qui, de son côté, dément toute responsabilité. Donald Trump quelques heures plus tard, a lancé une frappe sur une base aérienne de l’armée syrienne en représailles. Cette frappe a été qualifiée d’«agression contre un État souverain» par Vladimir Poutine, tandis que le premier ministre russe Dmitri Medvedev a estimé qu’elle avait placé les États-Unis «à la limite de la confrontation militaire avec la Russie ».
Les propos du président russe sont intervenus juste avant l’arrivé à Moscou du secrétaire d’Etat Rex Tillerson, PDG d’ExxonMobil, qui s’est déjà entretenu avec Sergeï Lavrov, le ministre des affaires étrangères, et qui devrait (peut-être) finalement être reçu par le président Poutine.