15/01 - LA SERBIE MET EN GARDE LA FRANCE
CONTRE TOUTE «IMPUNITÉ» POUR HARADINAJ.
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Le Kosovar Ramush Haradi |
La Serbie a mis en garde Paris ce vendredi contre toute «impunité» qui serait accordée au Kosovar Ramush Haradinaj, après sa libération la veille par un tribunal français alors que Belgrade veut le juger pour crimes de guerre.
«La Serbien’accepte pas une justice qui sous-entendrait l’impunité pour ceux ayant commis des crimes contre la population civile», a déclaré devant la presse Marko Djuric, ministre chargé du Kosovo dans le gouvernement serbe.
«Nous informons la Franceque la Serbiese comportera envers les mandats d’arrêt d’Interpol qu’elle délivrera de la même manière que la Franceagira», a mis en garde Marko Djuric.
Après une semaine de détention en France à la suite de son arrestation à l’aéroport de Bâle-Mulhouse (est) le 4 janvier, l’ex-haut responsable de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), est ressorti libre. Il est toutefois interdit de quitter la Francedurant l’examen de la demande d’extradition envoyée par la Serbie, une procédure qui peut prendre des mois.
«Si une personne accusée de crimes de guerre n’est pas extradée vers la Serbie, nous répondrons par des mesures analogues aux éventuelles demandes de la France», a renchéri la ministre serbe de la Justice, Nela Kuburovic, qui a évoqué un «principe de réciprocité».
Elle était interrogée par des journalistes sur ce que serait la position de la Serbie en cas d’une éventuelle demande d’extradition de la France sur un dossier relatif à des questions de terrorisme.
La Serbiereproche à Ramush Haradinaj d’avoir en 1999, au Kosovo, ordonné la «détention illicite de civils», lesquels ont «subi des tortures, traitements inhumains et viols». «Certains ont été tués, parfois des mains même de M. Haradinaj», selon les accusations de Belgrade.
Cet éphémère Premier ministre kosovar (2004-05), désormais responsable de l’opposition au président Hashim Thaçi, avait été acquitté en 2008 et 2012 par la justice internationale. Mais celle-ci l’avait jugé pour des faits remontant à 1998.
Son arrestation en France a tendu les relations entre la Serbie et le Kosovo comme jamais depuis la conclusion en 2013 d’un accord de normalisation historique. Très populaire dans son pays, Ramush Hardinaj est hostile à ces discussions.
Ultime conflit ayant déchiré l’ex-Yougoslavie, la guerre au Kosovo (1998-99) a fait 13.000 morts. Elle a conduit à la sécession de cette région majoritairement peuplée d’Albanais mais que la Serbie considère comme son berceau historique. Avec le soutien de la Russie, Belgrade ne reconnait pas l’indépendance proclamée par Pristina en 2008. Plus de 100 pays l’ont fait, dont la France, parmi les premiers.