+++21/08 - «LES MUSULMANS SONT LES EXÉCUTANTS INCONSCIENTS
DE LEUR AUTODESTRUCTION».
NOURREDINE BOUKROUH A TOUJOURS APPELÉ
À UNE RÉFORME DE L'ISLAM.
"S’il n’y qu’un musulman sur mille susceptible d’être séduit par l’islamisme, c’est sur les trois cents millions d’Arabo-musulmans, une réserve de 300 000 candidats au terrorisme."
Nour-Eddine Boukrouh né le 5 mars 1950 à El Milia, près de Jijel en Algérie, est un acteur de la vie intellectuelle et politique algérienne depuis 1970.
Nour-Eddine Boukrouh né le 5 mars 1950 à El Milia, près de Jijel en Algérie, est un acteur de la vie intellectuelle et politique algérienne depuis 1970.
En 1953, sa famille s’installe à Alger où il accomplit ses études primaires, secondaires et supérieures. Il est titulaire d’un Diplôme d’études supérieures (DES) en finances.
Entre 1973 et 1984 il travaille comme cadre dans le secteur économique public. De 1984 à 1989 il dirige une entreprise privée.
À l’avènement de la démocratie en 1989 il fonde le Parti du renouveau algérien (PRA) et le préside jusqu’en 19992. Il a été candidat à la première élection présidentielle pluraliste de 19953. L'élection présidentielle du 16 novembre 1995 est la première élection présidentielle pluraliste en Algérie. Elle se déroule en pleine période de terrorisme lors de la guerre civile algérienne*.
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* La guerre civile algérienne («décennie rouge», «décennie du terrorisme», «années de plomb», «années de braise») est le conflit qui opposa le gouvernement algérien, disposant de l’Armée nationale populaire, et divers groupes islamistes à partir de 1991.
On estime que ce conflit coûta la vie à plus de 60 000 personnes ; d'autres sources avancent le chiffre de 150 000 personnes (avec des milliers de disparus, un million de personnes déplacées, des dizaines de milliers d'exilés et plus de vingt milliards de dollars de dégâts). Le terrorisme islamiste se termina par la victoire du gouvernement, suivi de la reddition de l'armée islamique du salut et la défaite en 2002 du Groupe islamique armé (GIA).
la suite :
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De 1999 à 2005 il a fait partie du gouvernement algérien à des postes économiques. De 1970 à 2013 il publie dans la presse un grand nombre d’analyses critiques des politiques suivies dans le processus d’édification de l’Algérie.
Ces écrits ont été regroupés en quatre volumes :
« Critiques au temps du parti unique: 1971-1989 »,
« Les Algériens dans la tourmente: 1989-1999 »,
« Que faire de l’islam ? 1970-2013 »,
« Réformer peuple et pouvoir : 2011-2013 ».
Nourredine Boukrouh, intellectuel algérien, disciple de Malek Bennabi estime que l'idéologie islamiste est le véritable ennemi des musulmans, et explique pourquoi toutes les tentatives de réformes de l'islam se sont soldées par des échecs.
Vous êtes très critique sur l’islamisme. Estimez-vous que le véritable ennemi de l’islam et des musulmans est l’idéologie islamiste?
Très souvent un « isme » accolé à un mot en fait immédiatement un prisme déformant et assassin : marxisme, nazisme, islamisme…
L’islamisme est la tentation d’isoler l’islam des autres peuples et cultures, de le couper du sens du monde, de l’exclure du mouvement de l’Histoire pour le réduire à la chose exclusive des musulmans, à un culte du passé, à une conception du monde invariable, immuable et indiscutable chevillée aux prédécesseurs (salaf) et aux oulamas qui n’ont pas rénové leur savoir depuis mille ans au moins.
L’islamisme n’est pas une vision nouvelle de l’islam, une adaptation à l’environnement mondial actuel, mais un corsetage des musulmans dans des conceptions obsolètes, dépassées, opposées au progrès et à la coexistence pacifique entre les nations, les religions et les cultures.Ce n’est pas un mouvement de pensée mais un populisme, un nihilisme, un despotisme culturel et cultuel. Il est indéniable qu’il est devenu le principal ennemi de l’islam et des musulmans. Là où il est apparu au cours du dernier demi-siècle (Afghanistan, Egypte, Algérie, Somalie…), il a entraîné dévastation et guerres fratricides.
C’est partout la guerre, les attentats, la haine, l’horreur… Regardez l’actualité mondiale : il n’y a plus de guerres conventionnelles, asymétriques ou de terrorisme endémique qu’en terre islamique.L’opinion internationale est de plus en plus défavorable à la présence de musulmans hors de leurs pays d’origine et l’islamophobie se développe partout. Où croyez-vous que tout cela va mener sinon à un isolement des musulmans et de l’islam, à leur exclusion de la vie internationale, à leur confinement chez eux, comme des pestiférés ?
- Vous affirmez que «Les musulmans sont, en ce début de troisième millénaire, les exécutants inconscients de leur autodestruction». Quels sont les exemples concrets qui étayent votre analyse ?
Les exemples d’affrontements entre musulmans sont légion. Le monde musulman tout entier est en train de se laisser aspirer petit à petit dans une guerre mondiale intra-islamique qui l’affaiblira durablement et le condamnera à la misère économique et à l’arriération culturelle. Que fait l’Arabie saoudite sinon chercher à former un axe destiné à combattre l’axe chiite mené par l’Iran jusqu’à la fin des temps? Que fait l’Iran en Irak, au Liban, en Syrie, au Yémen, sinon chercher à imposer l’hégémonie chiite sur les sunnites ?
La cohabitation entre ces deux courants religieux et idéologiques apparus au temps de Moawiya est en train de devenir impossible en Irak, au Liban, à Bahreïn, en Arabie saoudite, au Pakistan, en Indonésie… Les clergés des deux communautés poussent à l’affrontement et attisent les vieilles haines, en vue d’une bataille du type Armageddon. Y a-t-il deux islams, deux Corans, pour en arriver là ? L’islam est-il racial ? Ne s’agit-il pas d’une entreprise d’autodestruction sous couvert de religion ?- Vous avez toujours appelé à une réforme de l’islam qui n’est pas, selon vous, un enjeu philosophique, mais stratégique. Pouvez-vous nous faire part de votre réflexion à ce sujet ?
Il est impossible de ne pas faire le lien entre les enseignements de ce que j’appelle «al-ilm al-qadim» et la fanatisation d’une frange importante des nouvelles générations. Tous les arguments de Daesh et de la mouvance politique islamiste à travers le monde sont puisés dans la culture islamique, telle qu’elle est enseignéeà al-Azhar, Zitouna et Qarawiyine, dans les instituts islamiques et les centaines de milliers de mosquées existant de par le monde.L’islamisme n’a pas ajouté un seul mot, une seule idée, un seul argument à ce qu’il a trouvé dans le berceau. Son seul tort, si l’on veut, c’est d’avoir pris cette culture à la lettre quand les autres se contentent d’enseigner l’État islamique, le djihad, le statut d’apostat des autres, la primauté de l’au-delà sur la vie terrestre, sans réclamer leur mise en application par la terreur et séance tenante.
Ce corpus d’ «idées mortes», comme l’appelle Bennabi, est issu d’une interprétation du Coran faite il y a longtemps et dépassée dans de larges proportions. Cette cosmogonie anachronique est devenue nuisible à l’évolution et aux intérêts des musulmans, et appelle à une réforme urgente pour permettre à ces derniers de vivre parmi les autres nations et religions en paix et dans le respect mutuel.C’est en ce sens que je dis que l’enjeu n’est pas philosophique, théologique, esthétique, mais stratégique, historique, concret, réel et quotidien.
- Il y a eu des tentatives de réformes au 19ème siècle, notamment sous l’impulsion de Mohamed Abdou et Jamāl Al-Dīn Al-Afghani, qui ont toutes échoué. Comment expliquez-vous cet échec et que faut-il réformer en priorité?
En effet, depuis le XIXe siècle des courants d’idées réformateurs sont apparus dans le Moyen-Orient et la péninsule indienne. A l’époque, on pensait que l’homme musulman accusait du retard par rapport à l’Occident, mais sur le plan matériel, économique, technique et militaire seulement. En termes de «valeurs», on pensait être très largement pourvus et même supérieurs au reste du monde.On croyait qu’en revenant au passé prestigieux de l’islam, on redeviendrait les premiers de la classe. Là loge l’erreur, là s’est réfugié le diable depuis le Moyen-âge : ce n’est pas le musulman qu’il fallait réformer, comme l’ont cru al-Afghani, Abdou et les autres, mais le «ilm al-qadim» qui charrie dans son enseignement le microbe, le virus, le poison qui a conduit à la décadence de jadis et à l’islamisme d’aujourd’hui.
On n’obtient pas un homme nouveau avec des formules anciennes qui ont déjà à leur actif une décadence universelle. L’idée morte devient mortelle par la force des choses, elle est nocive car périmée, inadaptée, décalée, dépassée… C’est toute l’interprétation du Coran, des valeurs de l’islam, de l’ancienne théologie et du «fiqh» qu’il faut revoir de fond en comble, qu’il faut passer au scanner pour détecter le mal. Une fois fait, il faut commencer à élaguer, à réparer, à corriger, à rénover. On trouve des fondements à cette approche que j’ai préconisée l’an dernier dans une série de douze articles, aussi bien dans le Coran que dans le hadith, surtout celui, bien connu, où le Prophète prédisait qu’au début de chaque siècle apparaîtrait une réforme du «din», de la religion islamique, précisait-il.
Faute d’un tel effort d’adaptation (une fois par siècle au moins), la vie des musulmans ne peut pas s’actualiser, demeurer vivante et vivace, elle ne pourrait que stagner et péricliter comme c’est le cas effectivement depuis huit siècles. Les réformateurs annoncés par le Prophète ne sont pas venus ou ont été empêchés, ou alors ils se sont trompés sur le sens de la réforme comme c’est le cas des «Nahdaouis» qui, après s’être escrimés pendant des décennies, ont fini par déposer les armes de la rhétorique et abandonné la «réforme de grammairiens» qu’ils menaient inconsciemment, comme disait Bennabi. Devant cet échec, la rue, le «fiqh de la rue» a pris la relève avec les fusils mitrailleurs, le sabre et les attentats-suicides.
- Une dernière question : quel regard portez-vous sur les musulmans qui résident en Occident et particulièrement en France? Peuvent-ils jouer un rôle dans la réforme de l’islam?
Vous me donnez là l’occasion d’examiner un fait concret qui démontre l’immense déficit entre la pensée islamique, traditionnelle et littéraliste, et le réel, entre les «maqacid» et les résultats pratiques d’attitudes rivées à une conception du monde révolue. Il fut une époque où le «ilm al-qadim» considérait qu’il était péché, «haram», pour un musulman de vivre en terre non-islamique. Aujourd’hui, aucun «alem» ne le soutiendrait publiquement tant les musulmans ont essaimé dans le monde pour mille et une raisons.
Mais le raisonnement est toujours valable car déduit d’une vieille jurisprudence. C’est à cette «norme» du droit islamique que s’est référé il y a quelques années un grand «alem» pour demander aux Palestiniens de quitter leur pays, au motif qu’il est régi par la loi judaïque, même si cette loi est laïque. Cet exemple illustre l’anachronisme de l’ancien «ilm» et éclaire le reste. On ne cherche pas à orienter les musulmans vers l’avenir, à les préparer à s’adapter au nouveau, à faire face à l’inconnu, à élaborer de nouvelles normes juridiques issues de la réouverture des portes de l’ijtihad, pour mettre en application un principe coranique cardinal (hukm ad-daroura, adaptation aux cas de force majeure), mais à les ramener au passé, à leur faire revivre le passé irrémédiablement dépassé.
Les musulmans d’Occident souffrent dans leur vie des incidences de l’islamisme et de son contrecoup, l’islamophobie, et ça ira crescendo jusqu’à leur rendre la vie impossible. Chaque attentat commis, ici où là, en fera des victimes collatérales, les blessant ou les tuant dans leur for intérieur. Le «ilm» en vigueur ne s’est pas réellement mobilisé pour dénoncer l’islamisme et son corollaire le terrorisme, pour les condamner et s’en distinguer, c’est à peine s’il fait la moue devant les outrances de l’islamisme ; il laisse flotter l’amalgame, les équivoques et les accointances, parce qu’en fait il ne peut pas se dresser contre l’islamisme, ils sont frères siamois.
On n’arrivera à les séparer qu’au terme d’une profonde réforme, d’une révolution intellectuelle et mentale pour laquelle les ulémas ne sont pas outillés, car ils ont été formatés pour enfoncer le clou du fanatisme, non pour l’enlever. Dans mes écrits où je prône une réforme de l’islam, de sa conception de l’univers, de Dieu, de la raison d’être de l’homme sur terre, de notre vision des autres, j’ai suggéré une méthode et un cadre pour mener cette réforme. Ce ne doit pas être l’œuvre d’individualités, quels que soient leurs titres ou leur réputation, mais d’acteurs souverains, je veux dire les Etats-membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), deuxième organisation en importance après l’ONU. Je reviendrai prochainement sur ce sujet avec une nouvelle série d’articles.
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Sauver les musulmans de l’islamisme
Par Nour-Eddine Boukrouh
noureddineboukrouh@yahoo.fr
Un quart de siècle après son apparition en Algérie, le terrorisme islamiste est donc toujours capable de nous infliger des pertes de l’ampleur de celle du dernier massacre commis à AïnDefla.
Les Algériens ne se sont pas encore remis du choc des massacres ramadhanesques de Ghardaïa qu’un autre les a surpris au premier jour de l’Aïd.
Ben Ali
Pourquoi n’y avait-t-il pas d’actions terroristes spectaculaires en Tunisie au temps de Ben Ali, alors qu’elles se sont multipliées jusqu’à devenir monnaie courante depuis son départ ? La réponse, tout le monde croit la connaître : il tenait la Tunisie d’une main de fer ! Mais à ce que l’on sache, Ben Ali, en quittant la Tunisie avec femme et enfants, n’a pas emmené dans son exil saoudien la main de fer, elle est restée sur place. Ce qui appelle une nouvelle question : pourquoi cette main de fer a-t-elle perdu la maîtrise de la sécurité du pays ?
M. Caïd Essebsihttps://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9ji_Ca%C3%AFd_Essebsi

Comme preuve de sa résolution, M. Caïd Essebsi, donneur d’ordres à la main de fer, vient de déclarer la guerre totale au terrorisme et d’en appeler à une nouvelle stratégie requérant des moyens plus importants que ceux de la seule Tunisie mais dont il n’a rien dit. Si par une telle stratégie le président tunisien entend de nouveaux dispositifs sécuritaires et militaires, il n’aura pas innové par rapport à ses homologues confrontés au problème avant lui et le terrorisme ne disparaîtra pas de son pays.
Bien sûr que tous les moyens sécuritaires et militaires du monde entier doivent être mobilisés contre le terrorisme, mais ils ne suffiront pas. Non pas que le terrorisme soit plus fort que le monde entier, mais au regard de sa nature insidieuse, pernicieuse, insaisissable et se reproduisant à l’infini, il survivra tant qu’il n’aura pas été débranché de la source d’énergie qui l’alimente et le régénère à l’infini, l’islamisme sous ses diverses déclinaisons : takfiriste, djihadiste, terroriste, salafiste, fondamentaliste, pacifiste…
Au temps de Ben Ali, la démocratie et le courant islamiste étaient illégaux.On sait donc par où est venu le terrorisme, et l’expérience de l’Algérie voisine le confirme point par point. Faut-il pour autant incriminer «Octobre 1988» et la «Révolution du jasmin», proscrire la démocratie dans les pays musulmans et jeter le bébé avec l’eau du bain ? Ce serait donner raison aux monarchies arabes qui, juste retour de flamme, commencent à pâtir à leur tour du terrorisme qu’elles ont longtemps soutenu. «Cheh fikoum !» comme diraient nos vieilles et moi avec elles.
L’islamisme a poussé en terre musulmane partout où se trouvait un terreau humain musulman.
Mais le mal, la manipulation st bien plus ancienne, quand l'église catholique qui n'est autre que l’ancien empire romain, a créé l'Islam.
Je remets sans cesse cet information qui est très importante :
Je remets sans cesse cet information qui est très importante :
Mais, l'Islam est là, nous reste à le moderniser basé sur la partie humaine.
La démocratie lui a juste offert un peu plus de latitude pour s’exprimer mais ce que ne lui auraient pas accordé les régimes arabes, internet et les réseaux sociaux allaient le lui donner gratuitement : l’adhésion par correspondance, le recrutement à distance, le travail à domicile...
Daech est une franchise, elle n’a pas besoin d’envoyer des unités dans un pays, les combattants volontaires sont déjà sur place, disponibles, attendant le moment favorable, les armes et les directives pour entrer en action. Des «kamis» noirs, il y en a sur le marché, de même que du tissu noir où couper drapeaux et bandeaux.Quelques milliers de dinars et les effets de terreur sont réunis. Il y a une semaine, un enfant a jeté un pétard dans un centre commercial de la capitale tunisienne, provoquant une panique qui s’est soldée par des dizaines de blessés.
A Casablanca, vendredi dernier, ce sont des hurlements de femmes à la vue d’une souris à l’intérieur de la grande mosquée Hassan II lors de la prière collective qui ont donné lieu à un sauve-qui-peut général qui aurait pu tourner au drame. Il n’y a eu heureusement que des blessés, mais c’est dire l’état des nerfs actuellement au Maghreb.
Les Tunisiens nous regardaient d’un œil curieux pour ne pas dire narquois dans les années 1990, ne se privant pas de se demander discrètement ou à haute voix : «Mais qu’est-ce qu’ils ont ces Algériens à s’entretuer ?» Je me rappelle très bien du temps où des collègues ministres tunisiens, syriens, libyens, égyptiens et d’autres nationalités arabes me le faisaient remarquer chacun avec ses mots et son air contrit (mais pas trop) lors des réunions bisannuelles de
Le terrorisme islamiste n’a pas reculé depuis son apparition, il s’est déplacé d’un endroit à un autre en gagnant en intensité, finissant par couvrir plusieurs pays en même temps sur au moins deux continents. Daech vient de souffler sa première bougie d’anniversaire alors qu’on croirait, à voir son bilan, qu’il existe depuis Tamerlan. Il y a une seule chose à faire, un chemin obligé à prendre si l’on veut éradiquer cette peste noire : aller à sa source, couper le compteur général, découpler l’islam de l’islamisme, sauver l’islam de l’islamisme… Il s’agit en l’occurrence d’engager le travail de rénovation de la conception islamique du monde conformément à l’espérance du Prophète à travers son annonce célèbre («Dieu enverra à cette nation au début de chaque siècle qui rénover sa religion»), espérance portée par des penseurs qui n’ont pas trouvé la manière de faire ou ont été persécutés par «al-îlm al-qadim», qui avait peur d’une remise en cause du statut social de ses tenants.
Seule une profonde rénovation du savoir islamique, du «tafsir» et du «fiqh» peut donner un nouveau souffle, une seconde vie à l’islam dont l’image est en train de dresser l’humanité entière contre lui. Tous les peuples dela Terre se demandent avec sidération pourquoi les musulmans s’entretuent et détruisent mutuellement leurs pays.
Seule une profonde rénovation du savoir islamique, du «tafsir» et du «fiqh» peut donner un nouveau souffle, une seconde vie à l’islam dont l’image est en train de dresser l’humanité entière contre lui. Tous les peuples de
Le terroriste tunisien qui a perpétré le massacre de Sousse, un étudiant en génie informatique de 23 ans, est venu de Kairouan mais la motivation qui l’a poussé à commettre son acte en y laissant sa vie — il le savait par avance — ne lui est pas personnelle et n’est pas née à Kairouan. L’idée qui a armé son bras est née avant lui ; elle est venue de l’étranger, des livres de l’Égyptien Sayyed Qotb, du Pakistanais Mawdudi, des chaînes TV satellitaires de tous les pays arabo-musulmans, y compris du sien, des camps d’entraînement des talibans afghans ou pakistanais, du djihadisme de Ben Laden et de Zawahiri qui, tous tant qu’ils sont ou étaient, descendent en droite ligne des idées du Kurde Ibn Taïmiya et du Saoudien Abdelwahhab...
Si l’on veut chercher plus loin, remonter aux racines, on découvrira que cette idée vient de plus loin encore dans le temps, du «îlm-al-qadim» élaboré il y a douze siècles et resté sans changement depuis. C’est là que se trouve l’origine du problème, l’origine du terrorisme islamiste.
Les services de renseignement du monde entier courent derrière les exécutants d’actes terroristes mais pas derrière les idées qui les ont inspirés, pas derrière le gant de velours vert (l’islamisme) qui tient la main de fer (le terrorisme). C’est comme si, au temps de la «prohibition», le FBI courait après les bouteilles de Whisky mais laissait les distilleries tourner à plein régime et Al Capone et ses compères s’amuser dans les casinos. Est-ce à cela que pensaient ceux qui ont dit qu’il faudrait des générations pour se débarrasser du terrorisme islamiste ? Probablement. Le terrorisme d’inspiration marxiste qui visait l’instauration d’une «société sans classes» n’a en effet disparu d’Europe qu’avec l’effondrement du mur de Berlin et de l’idéologie marxiste avec lui.
On aurait aimé apprendre des services de police du monde ce que les terroristes qu’ils arrêtent leur présentent comme raisons et arguments justifiant leurs actes ; on aurait souhaité que des études comparatives, à partir des archives de police et des tribunaux, soient publiées sur les populations de tueurs en série de droit commun, d’un côté, et les terroristes islamistes de l’autre. De telles études contribueraient à éclairer l’opinion publique, les analystes et surtout les responsables politiques et les aider à prendre les bonnes décisions devant ce phénomène en croissance au point de devenir une menace mondiale. Tous les crimes ont un mobile personnel, passionnel ou matériel, sauf ces crimes qui ne sont ni des crimes de sang ni des crimes de banditisme ni des crimes de guerre, mais des crimes idéologiques, philosophiques, religieux. Ce ne sont pas des crimes individuels mais des crimes impersonnels, collectifs. Qu’on laisse en liberté ces motivations et ces crimes ne cesseront jamais.
On aurait aimé apprendre des services de police du monde ce que les terroristes qu’ils arrêtent leur présentent comme raisons et arguments justifiant leurs actes ; on aurait souhaité que des études comparatives, à partir des archives de police et des tribunaux, soient publiées sur les populations de tueurs en série de droit commun, d’un côté, et les terroristes islamistes de l’autre. De telles études contribueraient à éclairer l’opinion publique, les analystes et surtout les responsables politiques et les aider à prendre les bonnes décisions devant ce phénomène en croissance au point de devenir une menace mondiale. Tous les crimes ont un mobile personnel, passionnel ou matériel, sauf ces crimes qui ne sont ni des crimes de sang ni des crimes de banditisme ni des crimes de guerre, mais des crimes idéologiques, philosophiques, religieux. Ce ne sont pas des crimes individuels mais des crimes impersonnels, collectifs. Qu’on laisse en liberté ces motivations et ces crimes ne cesseront jamais.
Les thèses «complotistes» n’expliquent pas pourquoi des centaines de milliers de djihadistes acceptent de mourir pour les desseins stratégiques d’Israël, des Etats-Unis ou de l’Occident.
Que ses derniers y trouvent leur compte et encouragent la guerre mondiale intra-islamique est de bonne guerre et nous n’avons qu’à nous en prendre à nous-mêmes, à notre incapacité à défendre nos intérêts, à réformer notre être archaïque, déphasé et inapte à vivre au XXIe siècle.
Que ses derniers y trouvent leur compte et encouragent la guerre mondiale intra-islamique est de bonne guerre et nous n’avons qu’à nous en prendre à nous-mêmes, à notre incapacité à défendre nos intérêts, à réformer notre être archaïque, déphasé et inapte à vivre au XXIe siècle.
La conclusion à tirer de ces considérations est que le véritable ennemi de l’islam et des musulmans sont les idées islamistes au premier chef, et accessoirement leurs porteurs hommes ou femmes, adultes ou enfants, pauvres ou favorisés. Ils meurent dans les opérations-suicides ou sont abattus par les forces de l’ordre mais tout de suite après d’autres prennent la relève ailleurs, sur d’autres continents, inconnus des services de police et de renseignement, sans casier judiciaire ni pilosité suspecte ou habillement distinctif. Les terroristes tombent ou sont mis en prison mais les idées qui les ont transformés en tueurs en série courent partout et dans toutes les directions : mosquées, réseaux sociaux, chaînes de télévision, livres... Elles sont enseignées dans les institutions et établissements islamiques où elles sont présentées comme des idéaux à atteindre mais lorsque ceux qui les ont reçues pendant leur cursus veulent les mettre en application, ils se heurtent au refus et aux interdits de leurs gouvernants qui leur reprochent alors de dévier, de faire de la «politique».
C’est de cette contradiction, de cette incompréhensible inconséquence qu’est né le terrorisme islamiste partout où il est apparu : au temps des «Qaramita», des «Hachachin» du «Vieux de la Montagne » ou de nos jours.
Comment cette évidence a-t-elle pu échapper aux autorités des pays en butte au terrorisme islamiste ?Comment n’ont-elles pas fait le lien entre un «îlm» dépassé, devenu un cimetière d’«idées mortes» et d’«idées mortelles» opposées aux plus simples valeurs humaines, et la radicalisation des esprits et son aboutissement fatal, le terrorisme ?
Tel est l’incroyable paradoxe des pays musulmans qui ne veulent pas toucher aux sources du problème mais seulement à ses effets et ses conséquences. L’origine du mal est dans la conception islamique du monde conçue, prêchée et enseignée depuis quatorze siècles sans le moindre changement et la moindre actualisation.
Ô gouvernements aveugles, vous ne voulez pas voir la vérité et la réalité en face ? Elles vous emporteront vous, vos pays et votre religion !
Les masses musulmanes savent ce que leur réserve l’Etat islamique mais elles ne sont pas tellement inquiètes. D’abord parce qu’elles ne se sentent pas concernées, continuant à penser que c’est le seul moyen de faire entendre raison à l’Occident et au sionisme. Ensuite parce qu’elles sont dans l’expectative, attendant de voir de quel côté la balance penchera pour se déterminer enfin et s’engouffrer telles ces bêtes à qui on fait suivre le passage les conduisant à l’arène des toréros, aux exhibitions de cirque ou à l’abattoir selon ce qui aura été décidé pour elles à leur insu.
S’il n’y qu’un musulman sur mille susceptible d’être séduit par l’islamisme, c’est sur les trois cents millions d’Arabo-musulmans, une réserve de 300 000 candidats au terrorisme. Or, quelques centaines suffisent pour mettre un pays à feu et à sang. Daech est une véritable «Légion étrangère», comprenant des individus venus d’une cinquantaine de pays au moins, sans compter ceux venus d’Europe, d’Amérique et d’Australie, soit du monde entier.
L’islamisme n’est pas en régression, il est en expansion. Il a opéré une mue, opté pour le camouflage, le prosélytisme et l’endoctrinement civil, utilisant les bons sentiments des gens jusqu’à prendre les formes d’une culture sociale ordinaire, allant de soi. Il est en passe de s’imposer comme l’unique manière d’être musulman.
Le terroriste est aussi insidieux qu’une mauvaise idée, il peut passer entre les mailles du filet, vous surprendre car on ne sait ni qui il est, ni à quel aspect le reconnaître. La Tunisie a par exemple bien fait de déployer des soldats sur les plages. Cette mesure peut en effet aider à sécuriser ces lieux de détente mais en apparence seulement car des soldats déployés en de tels endroits est un signe de guerre et non de sécurité, sans dire qu’une «divine» surprise peut à tout moment se retourner contre ses initiateurs bien intentionnés : un soldat se mettant à tirer sur les «étalages d’impudeur» et la confiance en l’armée est perdue, ajoutant au sentiment de terreur ambiant.
Les mouvements terroristes quels qu’ils soient et où qu’ils soient apparus dans le monde ont toujours été clandestins, invisibles. Ils n’occupaient pas des villes, ne menaient pas de guerres classiques avec des engins de transport, des chars et des missiles, ne se comportaient pas en armées conquérantes, ne s’emparaient pas de lieux historiques ayant le caractère de patrimoine de l’humanité pour les démolir, ni de puits de pétrole. Il en était ainsi du terrorisme algérien, égyptien, d’Al-Qaïda, des GIA, de l’AIS, d’Aqmi il y a quelques années... On en connaissait le sigle, le leader, mais on ne voyait pas de colonnes blindées, de convois de camions, d’exécutions publiques d’otages...
Les hordes de Daech tuent, décapitent, immolent musulmans, chrétiens et Yazédis, détruisent les vestiges historiques au nom de l’Etat islamique qu’ils projettent d’établir par le fer et le feu dans le monde entier. Leur but final, disent-ils, c’est Al-Qods, Jérusalem, Israël. L’Occident laisse faire pour le moment car plusieurs Etats jugés hostiles à Israël ont été pratiquement détruits : Syrie, Irak, Yémen, Libye… D’autres sont affaiblis pour longtemps ou peut-être toujours : Pakistan, Afghanistan, Égypte, Tunisie, Mali, Nigeria, Niger, Tchad…
«L’Apocalypse» de Jean décrivait il y a deux mille ans la fin du monde qui serait marquée par l’ultime bataille entre le bien et le mal sous le nom d’«Armageddon». Et son lieu de déroulement serait le Moyen-Orient. Ceux qui sont imprégnés des récits et prédictions de saint Jean ne manqueront pas de voir dans Daech les cavaliers de l’Apocalypse de la fin du monde qui sera précipitée par le feu nucléaire que ne manquera pas de déclencher Israël s’il se trouve réellement en danger.
Espérons, en ce qui nous concerne, que le Haut-Commandement de l’ANP n’a pas été gravement impacté par les zizanies entre la fonction de renseignement et la fonction opérationnelle, révélées il n’y a pas longtemps par M. Saâdani. Selon lui, elles auraient été causées par le quatrième mandat dont le pays va de toute façon chèrement payer les conséquences car si ce mandat sert en effet les intérêts d’un homme et d’un clan, il reste un crime contre les intérêts de l’Etat, de la nation et du pays. Ces zizanies ont touché le DRS, le FLN et le RND en leur sommet comme chacun le sait et la presse distille régulièrement des «nouvelles du front» comme le récent message de soutien adressé par le chef d’état-major de l’armée à M. Saâdani.
Il se passe des choses énormes autour de nous que nous ne comprenons pas, dont nous ne mesurons pas l’importance, dont nous ne voyons pas les effets directs et indirects, immédiats ou futurs sur nous, sur notre avenir. Personne ne nous donne d’éclairages en dehors de ce que nous glanons dans les moyens d’information, surtout étrangers, ou arrachons par notre perspicacité.
Il se passe des choses énormes autour de nous que nous ne comprenons pas, dont nous ne mesurons pas l’importance, dont nous ne voyons pas les effets directs et indirects, immédiats ou futurs sur nous, sur notre avenir. Personne ne nous donne d’éclairages en dehors de ce que nous glanons dans les moyens d’information, surtout étrangers, ou arrachons par notre perspicacité.
Ce n’est qu’une fois que c’est fait que leur signification réelle nous apparaît, une fois que les conséquences sur nous sont devenues flagrantes. Mais c’est en général trop tard. Comme les passagers d’un vol qui découvrent, une fois débarqués au milieu de nulle part, que le cap et la destination ont été changés pour des motifs qu’on leur a cachés, soi-disant pour leur bien.
N. B. ( NOURREDINE BOUKROUH)
Quotidien algérien indépendant :