Roms, Manouches, Tsiganes et Gitans arrivent des quatre coins d’Europe et même d’autres continents pour vénérer leur Sainte, Sara la Noire. Ils s’installent dans les rues, sur les places, au bord de la mer. Pendant huit à dix jours, ils sont ici chez eux. Le pèlerinage est aussi l’occasion de retrouvailles et la plupart des enfants sont baptisés dans l’église des Saintes.
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| Les Gitans Si le nom de " Gitan " est donné chez nous à l'ensemble des populations d'origine tsigane, il n'appartient légitimement qu'à un seul groupe, de loin le plus nombreux et le plus implanté aux Saintes Maries de la Mer.L'Espagne fut longtemps leur pays de prédilection : leurs noms de famille en gardent la trace, comme leur dialecte : le "kâlo", malheureusement en voie de disparition... Les femmes sont très brunes, les hommes ont le teint bazané. Ils se disent soit "Catalans", soit "Andalous", suivant le lieu de leur principal établissement. On les trouve par dizaines de milliers dans le Midi de la France, où certains sont sédentarisés depuis plusieurs années, voire depuis plusieurs générations.Mais il y a aussi des bidonvilles Gitans, dont la population a décuplé avec l'arrivée de nombreux Gitans établis en Afrique du Nord.Ce sont les Gitans qui ont donné à l'Espagne le meilleur de l'Art Flamenco, mais aussi des danseurs célèbres (Luisillo, Imperio Argentina, Carmen Amaya, Lola Florès et La Chunga), ainsi que des générations de grands toreros. Et à la France un guitariste inspiré : Manitas de Plata.
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Les Roms Ce sont les plus aisément reconnaissables, car leurs femmes continuent à porter les traditionnelles jupes multicolores qui leur tombent jusqu'aux pieds, et, quand elles sont mariées, un foulard noué sur la tête. Les plus riches arborent des colliers de pièces d'or, qui constituent le trésor de la tribu. Beaucoup disent la " bonne aventure ", tandis que les hommes sont rétameurs, chaudronniers ou doreurs. Ces professions les incitent à résider dans les banlieues industrielles, notamment à Paris, Lyon et Lille. C'est le groupe qui a le plus jalousement préservé son originalité : sa langue (proche du sanskrit), ses traditions, ses légendes. Après avoir traversé l'Europe Centrale, les Roms se sont aujourd'hui répandus dans le monde entier, du Canada à l'Australie et à l'Afrique du Sud.
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Les Manouches Les Manouches (et leurs cousins, les Sinti), ne se distinguent guère. Les plus pauvres sont vanniers, et ont conservé les roulottes à chevaux ; les autres sont marchands forains ou récupérateurs de ferraille. Les Manouches ont longtemps séjourné en Allemagne et portent des noms germaniques (ex: Django Rheinardt) ; les Sinti conservent la marque de leur passage dans le Piémont (ex : la famille Bouglione). Tous ont une véritable passion pour la musique, et c'est parmi eux que se recrutent les virtuoses des célèbres orchestres "tsiganes ".
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Au soir du 25 Mai, la belle fête est terminée. Déjà les caravanes s'éloignent sur les chemins. Par quels chemins ? Pour les nomades, c'est celui de la mésaventure quotidienne. Ils n'ont pas au monde un seul pied carré dont ils puissent dire " Je suis chez moi ! ". A aucun moment dans leur existence, ils ne savent de qui demain sera fait. Expliquer les raisons de leur étrange existence, ils le voudraient bien, mais comment ? Leur seule certitude est qu'ils continuent à appartenir à un autre monde que le nôtre. Ni les lois, ni le service militaire, ni les allocations familiales ne changeront rien à cette évidence que renforce la suspicion sourde qui les entoure et dans laquelle on entrevoit une certaine forme de racisme.
Qui n'a entendu dire " Pourquoi ne retournent-ils pas chez eux ? ". La réponse est aisée : " chez eux ", mais c'est ici puisque 95 % de nos Gitans sont citoyens français, que beaucoup d'entre eux se sont illustrés sur nos champs de bataille et dans la Résistance. Sait-on que 300 000 de leurs frères ont péri dans les camps de mort nazis ? Quant à vivre " comme tout le monde ", leur condition le leur interdit. Et puis au nom de quelle orgueilleuse supériorité voudrions-nous que notre façon de vivre fût la seule légitime ; il y a des pigeons de ferme et des pigeons voyageurs ; il y a des sédentaires et des nomades ; voilà tout. Alors, amis visiteurs, vous qui trouverez sympathiques les Gitans quand ils sortent en longue Procession ou s'enivrent de musique et de danse aux Saintes Maries de la Mer, de quel regard les verrez-vous le jour où ils arriveront dans vos villes et vos villages ? Leur ouvrirez-vous votre porte ? Ferez-vous l'aumône d'un sourire et d'un peu d'amitié à la Gitane qui vous proposera sa vannerie, son linge de maison ou sa petite mercerie ? L'aiderez-vous à stationner le temps d'une bonne halte ailleurs que sur les décharges publiques ? Si vous le faites, vous serez en bonne compagnie. Au terme d'une longue histoire, les Gitans comptent aujourd'hui beaucoup d'amis ; à l'image de Jacques Callot, qui suivit une troupe de bohémiens et les immortalisa dans ses gravures, et de Stradivarius, qui apprit à leur école l'art de la lutherie. Contre les préjugés, les fausses légendes, le mépris de tant de sédentaires, ils ont tissé à travers toute la France le grand filet de l'amitié gitane. Ils se sentent frères et soeurs de ce peuple méconnu qui a payé si cher et si longtemps le droit de continuer d'exister.
Laissez donc agir en vous-même la grâce des Saintes Maries de la Mer, où les pauvres sont honorés, les rejetés accueillis, les mal-aimés réconfortés. Passé le temps d'un Pèlerinage ou d'une trop courte visite, nous voudrions que vous deveniez de ceux pour qui l'arrivée des roulottes est une promesse de joie. Ainsi s'exprime en sa naïveté la belle prière du peuple Rom :
Sainte Sara, mets-nous sur la bonne route, donne-nous ta belle chance et donne-nous la santé. Et quiconque pense du mal de nous, change son coeur pour qu'il en pense du bien. -Amen.- |
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