12/05 - DESTRUCTION DE L’EUROPE.
DES CERCLES D’INFLUENCE LIÉS À L’OTAN
CONTRÔLENT LA POLITIQUE DE L’UE RELATIVE AUX MIGRANTS.
Dans une future vidéo vous verrez pourquoi nous avons tant d'étrangers en Europe.
Un flot incontrôlé de réfugiés de guerre venant de Syrie, Libye, Tunisie et d’autre pays musulmans déstabilisés par les Révolutions colorées de Washington de type «Printemps Arabes», a créé la plus grande dislocation sociale à travers l’UE depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, de l’Allemagne à la Suède en passant par la Croatie. Il est devenu clair aujourd’hui pour beaucoup, que quelque chose d’assez sinistre est en marche, quelque chose qui menace de détruire l’intégrité sociale et même toute l’Europe en tant que civilisation. Mais ce que bien peu réalisent, c’est que ce drame tout entier est orchestré, non pas par la Chancelière allemande Angela Merkel, ou par des bureaucrates sans visages de l’UE au sein de la Commission de Bruxelles. Ce drame est en effet orchestré par une cabale constituée de laboratoires d’idées [Think Tanks] et autres cercles d’influence étroitement liés à l’OTAN.
Le 8 octobre 2015, au milieu des vagues de centaines de milliers de réfugiés affluant vers l’Allemagne depuis la Syrie, la Tunisie, la Libye et d’autres pays, une chancelière allemande Angela Merkel nouvellement bien confiante proclamait à l’occasion d’un programme populaire à la télévision allemande: «j’ai un plan». Elle profita de cette occasion pour lancer une pique à son partenaire au sein de la coalition gouvernementale, Horst Seehoferde la CSU Bavaroise: un critique acerbe de la position de Merkel depuis l’été 2015, consistant à accueillir les réfugiés à bras ouverts, qui avait abouti à voir entrer plus d’un million de réfugiés en Allemagne uniquement l’année dernière.
Depuis lors, avec une résolution d’airain, la Chancelière allemande a défendu le régime criminel d’Erdogan en Turquie, en tant que l’un des partenaires les plus essentiels dans son «plan».
Une grande partie du monde à considéré avec stupéfaction la façon dont elle a ignoré les principes de la liberté d’expression, en décidant de poursuivre publiquement un comédien bien connu de la télévision allemande, Jan Böhmermann, pour ses remarques satiriques au sujet du Président turc. Le monde fut en effet fort étonné de voir celle que l’on fait passer pour le symbole de la démocratie européenne, ignorer l’emprisonnement de journalistes d’opposition par Erdogan et son muselage des médias d’opposition turque, tandis qu’elle mettait en œuvre des plans visant à établir le règne d’une dictature de fait au sein même de la Turquie. Les observateurs furent encore plus perplexes, lorsque que le gouvernement de Berlin choisissait d’ignorer les preuves surabondantes qu’Erdogan et sa famille aidaient matériellement et fournissaient une base arrière aux terroristes de l’EIIL opérant en Syrie, participant en fait à créer cette crise des réfugiés de guerre. Les observateurs furent enfin sidérés de la voir tenir un engagement de l’UE afin de donner des milliards d’euros au régime d’Erdogan afin suppose-t’on, de pouvoir traiter les flots de réfugiés provenant des camps de réfugiés turcs à travers la frontière jusqu’aux pays voisins de l’UE, en Grèce et au-delà.
Le plan Merkel.
Ces actions en apparence inexplicables, de la part de celle qui était auparavant regardée comme une dirigeante allemande pragmatique, apparaissent remonter à l’acquiescement donné à un document de 14 pages préparé par un réseau de laboratoires d’idées pro-OTAN, crânement intitulé «le plan Merkel».
Mais ce que la Chancelière allemande nouvellement pleine de confiance n’a pas dit à son interlocutrice, la présentatrice Anne Will, pas plus qu’aux téléspectateurs, c’est que «son» plan lui avait en fait été donné juste quatre jours auparavant, le 4 octobre [2015]: il provenait d’un document qui était déjà intitulé «Le Plan Merkel «, par un nouveau laboratoire d’idées [think tank] international, nouvellement créé et objectivement bien financé, répondant au doux nom de «Initiative pour la Stabilité Européenne» (ISE [European Stability Initiative – ESI]). Le site Internet de l’ISE témoigne de ce que cette organisation possède des bureaux à Berlin, à Bruxelles et à Istanbul, en Turquie.
De façon suspecte, les auteurs de ce plan de l’ISE l’ont intitulé comme si il provenait de la Chancellerie fédérale allemande et non pas de leur propre officine. Plus suspicieux encore est le contenu de ce «Plan Merkel» de l’ISE. Car en plus d’avoir pris en charge plus d’un million de réfugiés en 2015, il préconise que l’Allemagne devrait «accepter de garantir l’asile à 500.000 réfugiés syriens enregistrés en Turquie durant les 12 mois à venir». Plus encore, «l’Allemagne devrait accepter les réclamations de la Turquie […] et fournir un moyen de transport assuré aux candidats acceptés […] déjà enregistrés auprès des autorités turques…». Et finalement encore, «l’Allemagne devrait accepter d’aider la Turquie en vue d’obtenir une exemption de visa pour ses propres voyageurs en 2016».
Ce soit-disant Plan Merkel est en fait un produit des cercles d’influence [thinks tanks] américains et liés à l’OTAN, et des gouvernements de pays membres de l’OTAN ou membres potentiels. La maxime consistant à «suivre les traces de l’argent» est instructive dans ce cas d’espèce, afin de comprendre qui gouverne vraiment l’UE aujourd’hui.
L’ISE [Initiative pour la Stabilité Européenne]. Ou de qui s moque-t-on ?
L’ISE est née du fait des efforts de l’OTAN visant à transformer le sud-est de l’Europe, des suites de la guerre de Yougoslavie déclenchée à l’instigation des États-Unis durant les années 1990, qui résultait en la balkanisation de ce pays et l’établissement d’une base américaine majeure de l’OTAN, Camp BondSteel, au Kosovo.
L’actuel Président de l’ISE directement responsable de la version finale du document appelé «Plan Merkel» est un sociologue autrichien basé à Istanbul, Gerald Knaus. Knaus est aussi un membre de l’ECFR, le Conseil Européen pour les Relations Étrangères (CERE). Il est également un membre de l’Open Society.
Fondée à Londres en 2007, l’ECFR est une imitation de l’influent CFR de New York, le cercle d’influence créée par les Rockefeller et ses amis banquiers, JP Morgan en tête, durant les négociations de paix de Versailles en 1919 afin de coordonner la politique étrangère globale anglo-américaine. De façon significative, le créateur et bailleur de fonds de l’ECFR est le milliardaire américain financier des révolutions dites «colorées», George Soros. Dans virtuellement toutes les révolutions de couleur soutenues par le Département d’État américain, depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, incluant la Serbie en 2000, en Ukraine, en Géorgie, en Chine, au Brésil et en Russie, George Soros et les ramifications de ses Fondations pour une Société Ouverte étaient toujours présentes, agissant dans l’ombre, finançant les O.N.G. et autres activistes pour la «démocratie» afin d’installer des régimes pro-Washington et pro-OTAN.
Les membres sélectionnés [de l’ECFR], appelés Membres [Members] (ou associés [associates]) du Conseil basé à Londres, incluent le Co-président Joschka Fischer, l’ancien ministre des affaires étrangères du parti écologiste allemand, qui tordit l’idéologie de son propre parti afin de soutenir les bombardements illégaux de Bill Clinton en 1999 contre la Serbie, sans l’appui du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Les autres membres de l’influent Conseil pour les Relations Etrangères de Soros incluent l’ancien Secrétaire Général de l’OTAN, Xavier Solana. Il inclut également le plagiaire disgracié et ancien Ministre de la Défense allemand, Karl-Theodor zu Guttenberg ; Annette Heuser, directrice exécutive de la fondation Bertelsmann à Washington D.C. ; Wolfgang Ischinger, Président de la Conférence sur la Sécurité de Munich ; Cem Özdemir, Président du regroupement politique allemand Alliance90/Les Verts; Alexander Graf Lambsdorff, du parti Libéral-Démocrate allemand (Freie Demokratische Partei, FDP), Eurodéputé ; Michael Stürmer, correspondant en chef du journal Die Welt ; Andre Wilkens directeur de la fondation Mercator [Mercator Foundation] ; ainsi que le défenseur de la pédérastie au Parlement européen Daniel Cohn-Bendit.
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Cohn-Bendit, connu en tant que «Danny le Rouge» durant les émeutes estudiantines française de «Mai 68″, était un membre du groupe autonomiste «combat révolutionnaire» [RevolutionärerKampf ] à Rüsselsheim, Allemagne, aux côtés de son allié proche à présent Président de l’ECFR, Joschka Fischer. Ces deux-là fondirent ensemble l’aile «realo» des Verts allemands.
Les Fondations pour une Société Ouverte constituent l’armature du réseau de fondation exemptées de taxe «promouvant la démocratie», créée par George Soros sur les ruines laissées par l’effondrement de l’Union soviétique: elles y promurent des «marchés libres» favorables aux règles de libéralisation des marchés voulues par le FMI au sein des anciennes économies communistes, qui ouvrirent les portes à un pillage systématique des actifs énergétiques et miniers de grande valeur au sein de ces pays. Soros fut l’un des financiers majeur impliqués auprès de l’équipe économique libérale de Boris Yeltsin, incluant l’économiste des «Thérapies de Choc» de Harvard, Jeffrey Sachs, et le conseiller libéral Yeltsin, Yegor Gaïdar.
À ce stade, il est déjà clair que ce «Plan Merkel» n’est en fait que le Plan Soros.
Mais il y a plus encore à découvrir si nous souhaitons comprendre l’agenda bien sombre se dévoile derrière ce plan.
Les financiers de cette «Initiative pour la Stabilité Européenne»…
Le cercle d’influence dit «‘Initiative pour la Stabilité Européenne», de Gerald Knaus lié à George Soros, est en effet financé par une liste impressionnante de donateurs. Leur site Internet en dresse une liste.
Cette liste inclut, en plus des Fondations pour une Société Ouverte de Soros, la Fondation [Stiftung] allemande Mercator, liée à Soros, et la Fondation Robert Bosch. Les financiers de l’ISE incluent également la Commission Européenne. Ensuite, assez curieusement la liste des fondateurs de ce «Plan Merkel» inclut une organisation au nom tout à fait orwellien : l’Institut des États-Unis pour la Paix.
Quelques recherches suffisent à révéler que cet Institut des États-Unis pour la Paix a tout sauf un arrière-plan pacifique. L’Institut des États-Unis pour la Paix est en effet présidé par Stephen Hadley, l’ancien Conseiller à la Sécurité Nationale durant l’Administration des néoconservateurs fauteurs de guerre Bush-Cheney. Son Conseil des Directeurs inclut également Ashton B. Carter, l’actuel néoconservateurs Secrétaire à la Défense de l’Administration Obama ; le Secrétaire d’État John Kerry ; le Major General [Général de Division] Frederick M. Padilla, Président de l’Université américaine pour la Défense Nationale [US National Defense University]. Voici donc quelques-uns des architectes vétérans de la stratégie de «Dominance Plein Spectre» du Pentagone américain.
Les auteurs du «Plan Merkel» issu de l'«Initiative pour la Stabilité Européenne», en plus des largesses des fondations de George Soros, incluent au sein du «noyau» de ses bailleurs de fonds, le Fonds Marshall des États-Unis pour l’Allemagne. Ainsi que je l’ai décrit dans mon livre récent sur les Laboratoires d’Idées, ce German Marshall Fund est tout sauf allemand : «Avec son siège à Washington, il s’agit d’un laboratoire d’idées américains ayant ses quartiers généraux à Washington D.C.. et de fait son agenda est la déconstruction de l’Allemagne d’après-guerre, et plus globalement de tous les États souverains au sein de l’Union Européenne, afin de les faire rentrer plus facilement dans l’agenda de la mondialisation voulue par Wall Street».
Ce «Fonds Marshall Allemand» de Washington a été impliqué dans l’agenda américain post-1990 impliquant des changements de régime partout dans le monde, de conserve avec le NED [National Endowment for Democracy] financé par les États-Unis, avec les fondations Soros, et avec l’organisation frontale de la CIA appelée USAID.
Comme je l’ai décrit dans mon livre précité sur les cercles d’influence : «le but majeur du «Fonds Marshall Allemand», d’après son rapport annuel de 2013, était de soutenir l’agenda planifié du Département d’État américain pour des opérations de soi-disant «ingénierie démocratique» au sein des anciens pays communistes d’Europe de l’Est et du Sud-Est, depuis les Balkans à la mer Noire. De façon significative, leurs efforts incluaient l’Ukraine. Dans la plupart des instances, ils travaillèrent ensemble avec l’USAID, largement identifié comme une organisation façade de la CIA avec des liens remontant au département d’État, et avec la Fondation Stewart Mott qui donne des fonds au NED lui-même financé par le Gouvernement américain».
De façon remarquable, la même Stewart Mott Foundation est un autre bailleur de fonds de l’ISE ayant produit ce «Plan Merkel», tout comme le Fonds des Frères Rockefeller.
Tout ceci devrait donner des raisons de faire une pause afin de réfléchir sujet des acteurs et des buts de cet arrangement Merkel-Erdogan, concernant cette crise des réfugiés influents dans l’UE.
Est-ce que la faction Rockefeller-Bush-Clinton aux États-Unis, espère l’utiliser en tant qu’une expérience d’ingénierie sociale majeure afin de créer le chaos et le conflit social dans l’UE, tandis que dans le même temps leurs O.N.G. comme le NED, la Freedom House et les Fondations Soros poussent leurs feux en Syrie et en Libye et partout dans le monde islamique? Est-ce que l’Allemagne est bien devenue, comme l’appelait l’ancien conseiller présidentiel américain et protégé des Rockefeller, un «vassal» de la puissance américaine dans le monde post-1990? A ce jour, les preuves sont assez édifiantes pour conclure que c’est bien le cas. Le rôle des laboratoires d’idées liées aux États-Unis et à l’OTAN est centrale, afin de parvenir à une compréhension de la façon dont la république fédérale d’Allemagne et l’union européenne en faite contrôlés depuis l’arrière-plan du rideau atlantique…
William F. Engdahl est consultant en risques stratégiques et conférencier, titulaire d’un diplôme en Sciences Politiques de l’Université de Princeton. Il est l’auteur de plusieurs livres à succès sur le pétrole et la géopolitique.
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MERKEL – ERDOGAN: LE VRAI COUPLE
QUI DIRIGE L’EUROPE.
EFFACÉ LE COUPLE FRANCO-ALLEMAND…
Recep Erdogan et Angela Merkel, en février 2014, à Berlin (Photo : SIPA.AP21518086_000010)
Il est clair pour qui en douterait que le « couple franco-allemand » (une expression que nos amis allemands ont en horreur, mais qui s’en préoccupe chez nous ?) ne conduit plus les affaires de l’Europe. Désormais, c’est l’Allemagne qui règne sans partage, au moins apparemment, et la France ne compte plus guère. Non point en raison de sa faiblesse intrinsèque : le PIB français ne représente certes que 74 % de l’allemand mais ce n’est pas nouveau et puis, il n’y a pas que l’économie qui compte : « La France a pour la première fois depuis deux siècles une supériorité militaire écrasante sur l’Allemagne »1 et ceci devrait compenser cela. Non, c’est par manque de volonté que la France s’est effacée.
Il reste néanmoins qu’un couple domine effectivement l’Europe : le couple Angela Merkel – Recep Erdogan : la chancelière d’Allemagne et le président de la Turquie ; leur coopération étroite explique beaucoup de choses qui se passent en Europe, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Convergences sur les réfugiés
D’abord, la question des réfugiés. Il est clair que, quand à l’été 2015 Angela Merkel a fait savoir que les réfugiés syriens et irakiens seraient les bienvenus en Allemagne, elle se trouvait en parfaite synergie avec Erdogan qui laissait au même moment s’organiser le trafic consistant à aller chercher les réfugiés au Liban, souvent amenés en bus de Damas même, et à les faire passer vers la Grèce au prix de 5 000 à 10 000 €. Un trafic très lucratif (qui ne concerne pas les réfugiés déjà en Turquie, trop pauvres pour payer) pour la mafia turque pour laquelle le gouvernement turc semble avoir plus que des faiblesses. La coordination entre Merkel et Erdogan n’est cependant pas aussi parfaite que l’auraient souhaité certains réfugiés : pour 170 € et un visa allemand, ces malheureux auraient pu prendre l’avion Istambul-Berlin sans prendre le chemin hasardeux et sordide de la « route des Balkans ». La coïncidence des dates n’en est pas moins troublante.
Quand Erdogan s’est trouvé, à l’automne, confronté à une élection législative difficile, il a reçu dans la dernière semaine la visite d’Angela Merkel qui lui a promis tout ce qu’il fallait pour renverser la situation : accès de Turcs sans visa au territoire de l’Union, reprise des négociations d’adhésion et déblocage de 3 milliards d’euros d’aide. Grâce à cet appui, l’arrestation de dizaines de journalistes et un trucage massif, le président Erdogan a conservé une majorité parlementaire.
Un compromis très inégal
Merkel n’engageait en principe qu’elle, mais c’est comme par hasard ces promesses que l’on retrouve dans le mandat de la négociation que Merkel était chargée de mener avec les instances européennes lors de la rencontre du 18 mars dernier. Et sur les trois chapitres, Erdogan a gagné : aux 3 milliards déjà obtenus en novembre, viennent même s’ajouter 3 nouveaux milliards. Les négociations d’entrée doivent reprendre et les Turcs doivent pouvoir entrer sans visa dans l’Union européenne dès le 1er juin. Heureusement, ce dernier point est soumis à 72 conditions sur lesquelles la France a insisté (Hollande servirait donc encore à quelque chose !) dont toutes ne sont pas remplies.
Qu’a donné Erdogan en échange ? Presque rien : après avoir fait un « tri » individuel selon des procédures compliquées loin d’être mises en place, l’Union européenne pourra renvoyer jusqu’à 72 000 réfugiés (à rapporter au million qui est déjà rentré), mais la Turquie aura le loisir de les remplacer un à un par d’autres supposés plus authentiques.
Grande discrétion sur le départ des réfugiés à partir de la Turquie que ce pays ne s’est que vaguement engagé à freiner. Elle s’y était déjà engagée fin 1995 ; or le flux n’a guère diminué : 150 000 sont entrés au cours du seul premier trimestre. Aller plus loin pour la Turquie, ce serait reconnaître qu’elle a la mainmise sur ces flux et donc, qu’elle les a probablement provoqués. Il n’en a pas été question.
Il n’a pas été question non plus de la responsabilité de la Turquie dans le déclenchement de la guerre poursuivie en Syrie et en Irak dans laquelle elle porte une lourde part de responsabilité. Ce n’était pas à l’ordre du jour. Et d’ailleurs les principaux pays de l’Union : France, Grande-Bretagne et Allemagne ont aussi leur part de responsabilité.
Les négociations ont été serrées : en arrivant à Bruxelles, Ahmet Davutoglu, pas moins hypocrite que son patron, a averti les dirigeants européens que la question des réfugiés n’était « pas un marchandage, mais une question de valeurs humanitaires, ainsi que de valeurs européennes ».
Sur le même registre, Peter Sutherland, secrétaire adjoint des Nations unies aux réfugiés, s’est inquiété que les conditions exigées par l’Europe ne soient pas légales au regard du droit des réfugiés. Cet ancien commissaire européen à la concurrence aime la libre circulation des marchandises et des hommes. On se demande pourquoi, autre « coïncidence », il avait décidé, toujours à l’été dernier, la diminution des allocations journalières des réfugiés se trouvant dans les camps.
On dit qu’Angela Merkel était très remontée pendant ces négociations. Il y a de quoi mais avec quelle sincérité ? Qui nous fera croire que la puissante Allemagne n’avait pas les moyens d’obtenir plus si elle l’avait voulu ?
Pourquoi tant de timidité ?
On peut s’interroger sur les relations étonnantes entre Recep Erdogan et Angela Merkel, l’un Frère musulman, l’autre protestante libérale influencée par le marxisme. La chancelière aurait-elle trouvé son maître ? Tout indique que, à la différence du « couple » franco-allemand, ce n’est pas elle qui tient les rênes.
La Turquie bénéficie, comme pays candidat à l’Union européenne, d’un libre accès au marché et de subventions importantes. On pourrait presque dire qu’elle a les avantages de l’Union sans les inconvénients. Les moyens de pression sur elle ne manquent donc pas.
Pourquoi alors tant de timidité de la part de la chancelière, pourquoi cette cécité volontaire qui empêche de voir la responsabilité directe d’Erdogan dans les conflits du Proche-Orient et dans le transit de plus d’un million de réfugiés ? Erdogan qui ne cachait pas jadis son souhait d’islamiser l’Europe par l’immigration, afin de venger la défaite de Lépante. C’est la question la plus importante pour l’Europe, décisive pour son devenir, et elle reste sans réponse évidente.
Les relations entre l’Allemagne et la Turquie sont anciennes : les deux pays les plus peuplés d’Europe — si on accepte les Turcs dans l’Europe et ils y sont déjà à bien des égards — peuvent conjuguer leur poids pour imprimer un destin à tout le continent : la culpabilité et la haine de soi de l’un, l’expansionnisme et le militantisme islamique de l’autre ne pouvaient que se rencontrer. D’autant que la première manque d’enfants et d’ouvriers.
Ces relations sont anciennes : au temps du Kaiser le projet de train Berlin-Istanbul-Bagdad constituait un des axes de la politique allemande. La coopération militaire allemande assista aux premières loges au massacre des Arméniens qui, Hitler dixit, inspira plus tard celui des juifs (Hitler auquel Erdogan s’est récemment comparé).
L’ombre de Washington
Ces relations n’expliquent pas tout. Pas davantage que les relations personnelles de la chancelière et du nouveau sultan. Les deux pays sont membres de l’Otan et sous la tutelle étroite des États-Unis, surtout Berlin. Certains courants d’opinion à Washington ne cachent pas leur souhait de voir l’entrée massive de musulmans rabattre une fois pour toutes la superbe européenne, plonger notre continent dans de si grandes difficultés civiles qu’il sera définitivement écarté de la scène mondiale. A Davos, le processus migratoire a reçu les encouragements du FMI et de l’OCDE, preuve qu’il a des parrains haut placés. Washington et Ankara ont tous deux la Russie de Poutine dans le collimateur. D’autres toutefois laissent penser qu’Obama serait fatigué des manigances d’Erdogan et préférerait calmer le jeu.
La menace des attentats
En tous les cas, Berlin serait bien récompensée de sa compréhension toute particulière vis-à-vis d’Ankara en échappant, pour le moment au moins, aux attentats islamistes. De même qu’en octobre, lors d’une tournée électorale auprès des Turcs d’Europe appelés à voter, Erdogan avait violemment attaqué la France à Strasbourg et l’Europe à Bruxelles, mais pas l’Allemagne. Si l’on en croit certaines sources, notamment grecques, évoquées par Mediapart, les attentats de Paris et de Bruxelles auraient été organisés par les Turcs inquiets du soutien de la France et de l’Europe aux Kurdes. Des menaces à l’encontre de la France et de l’Europe dans la presse turque, dans les jours qui ont précédé les drames, l’attesteraient. La proximité d’Erdogan et de Daech est assez grande pour l’expliquer et le roi Abdallah de Jordanie l’aurait confirmé. Il est cependant trop tôt pour se prononcer de manière certaine. L’Allemagne a certes été épargnée par les attentats sanglants, mais elle a eu droit à des attentats à la pudeur, eux aussi bien coordonnés.
En politique internationale, si la force peut conduire aux excès, la faiblesse est souvent criminelle : les années 30 nous en avaient administré la leçon. Il se peut que l’effacement de la France, dont nous avons évoqué plus haut la raison, ait des conséquences bien plus calamiteuses qu’on ne l’imagine : non seulement le déséquilibre et, par là, la disparition du partenariat franco-allemand, qui constituait un axe de raison et de maîtrise de l’Europe par elle-même, mais aussi l’émergence de nouvelles forces et de nouvelles tendances fort inquiétantes pour l’avenir du continent ; il est temps que notre pays aujourd’hui en interrègne, reprenne sa place dans le concert des nations !
Roland Hureaux
essayiste français né le 14 juin 1948 à Bayonne. Haut fonctionnaire
essayiste français né le 14 juin 1948 à Bayonne. Haut fonctionnaire
Le mur de l’Ouest n’est pas tombé, Hervé Juvin, Ed. Pierre-Guillaume de Roux, 2015, page 28.